La journée internationale de la femme soit le 8 mars 2015.
Cette journée axée sur la promotion de l'égalité des genres est également décrétée journée internationale de l'élimination des violences à l'égard des femmes et journée mondiale de la femme rurale.
Elle est organisée par le gouvernement de Nouvelle Calédonie en partenariat avec les 3 provinces et le sénat coutumier.
Le gouvernement a offert le voyage aux femmes qui y participent et nous sommes hébergées à la tribu de Ouitchambo près de Boulouparis chez l'habitant.
Nous sommes 21 femmes d'Ouvéa réparties dans une grande ferme où habite toute une famille : les grands parents, leurs enfants avec leurs petits enfants.
Ce sont des agriculteurs (tarot, igname, bananes) et des chasseurs.
Dans cette famille les femmes d'Ouvéa sont étonnées de constater que toute la famille se parle en français sauf avec les "vieux" et de constater que la "langue" se perd.
Il existe 28 langues et 11 dialectes différents en Nouvelle Calédonie.
Dans cette famille les femmes d'Ouvéa sont étonnées de constater que toute la famille se parle en français sauf avec les "vieux" et de constater que la "langue" se perd.
Il existe 28 langues et 11 dialectes différents en Nouvelle Calédonie.
les couleurs d'Ouvéa pour la journée sont le bleu et le vert. |
Comme il se doit lors d'une cérémonie officielle, la province Sud accueille la province Nord et la province des Iles, la cérémonie de la coutume est incontournable et fait partie des moments forts de la journée.
Les offrandes de la coutume d'Ouvéa |
Chaque groupe apporte des présents pour ceux qui nous accueillent qui seront offerts avec des mots d'humilité et de respect par les chefs coutumiers et accueillis de la même manière par des discours de remerciements.
Et toujours beaucoup de couleur et de bonne humeur, la journée est sans alcool.
Les femmes de Canala, très belles en rose. |
Puis il est temps pour le gouvernement de prendre la parole et de nous faire aussi ses discours, il existe toujours chez les Kanak, plus ou moins déguisée, une confrontation entre le pouvoir français et le peuple calédonien qui doit "marquer son territoire".
Par exemple à la levée des drapeaux le drapeau Français avait disparu, son mât est resté vide quelques heures pour réapparaitre mais alors c'est le drapeau Kanak qui avait disparu!.....
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ1p3i-woHOq9NGdMaUGv4yAEKHDFePZweAZJXpEqkGYLaNYxuzWj0dv9Njhkj1xAOwdnQ8HV_o49oO4TfVXHLJoCnXvyHru1ZDgkNci6liXDl_GHHAeVQqrWyZ_JakUMOcYiMlQtE8pM/s1600/IMG_0068.jpg)
En début d'après midi nous avons participé à des ateliers de réflexion et avec Bisso mon amie nous avons choisi le groupe sur l'égalité Homme-Femme animé par Déwé Gorodé.
Bisso à droite |
Déwé Gorodé ministre de la culture, de la citoyenneté et de la condition féminine du gouvernement actuel, indépendantiste et écrivain.
Un atelier très intéressant où ici la parole était aux femmes.
Une femme dit : "Dans notre culture le femme n'a aucun poids, elle n'a pas la parole".
La question serait de leur donner la parole en autorisant les femmes à siéger au sénat coutumier, le débat est entamé.
On reconnait que la place de la femme et sa capacité à prendre sa place dépend de ses rapports avec son mari, et s'ils sont bons tout va bien....
Cependant on sait qu'une femme sur 4 en Nouvelle Calédonie subit régulièrement des violences conjugales.
J'ai par exemple entendu une patiente me dire au détour d'une consultation..."Quand mon mari me bat...." comme s'il s'agissait d'une situation naturelle en soi.
J'ai souvent constaté également les femmes exécuter très humblement les ordres donnés par les hommes.
Sur le plan foncier une femme ne peux pas hériter d'un terrain, elle occupe le terrain de son mari si elle est mariée sinon elle habite chez un des membres de la tribu et en fonction du bon vouloir d'un tonton peut se voir attribuer une parcelle de terrain.
Je vois au dispensaire des jeunes femmes qui travaillent et participent activement à l'économie de la famille et de la société et se pose alors la question des tabous.
La coutume représente un code de conduite qui régit les échanges sociaux et les rites au sein du clan et avec les autres tribus, tout en maintenant le lien avec les ancêtres.
Les tabous sont les actes interdits qui dictent les codes de conduites et ils sont nombreux.
Nous les blancs nous ne les connaissons pas mais ils font partie intégrante de la vie traditionnelle d'un Kanak.
Une jeune infirmière mélanésienne du dispensaire a fait son mémoire de fin d'étude sur la difficulté que représente le fait d'être soignant dans une culture différente en rapport avec ces tabous.
La conclusion de son mémoire fait état d'une culpabilité pour elle dans le cadre de son travail d'infirmière de pouvoir être obligée de exécuter un tabou (par exemple laver un oncle maternel) et dit avoir peur de ne pas pouvoir être pardonnée.
Cette question de la culpabilité d'abandonner la culture de ses ancêtres est me semble t il forte chez les Kanaks.
Cette ambivalence d'accéder au modernisme sans rien lâcher de sa culture explique peut être l'oisiveté et l'alcoolisme en Nouvelle Calédonie comme un frein dépressiogène à tout élan vital?
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Fin d'un WE sur la grande terre, je rentre à Ouvéa et là....Il faut toujours s'attendre au pire avec Ouvéa, mes amis me disent qu'ils ont été menacés de mort pour cause d'homosexualité par un Kanak et qu'ils sont rapatriés d'urgence sur la grande terre....
Je vous présente Simon et Sacha mes amis qui quittent l'ile d'Ouvéa près d'un an après leur arrivée par ce qu'ils sont homosexuels....
Je ne suis pas d'humeur à vous envoyer un coucher de soleil.