1) Les fondements de la
société Kanak.
La société Kanak est un société
clanique, une société tribale basée sur la communauté,
l'entraide et la mise en commun.
Ce principe communautaire était sans
doute à l'origine un moyen de survie à un moment où les conditions
de vie étaient très difficiles.
Ouvéa ayant peu souffert de la
colonisation c'est le lieu de Nouvelle
Calédonie le plus préservé sur le plan culturel.
L'individu Kanak n' a pas de place en
tant que tel, il n'a de place que par son existence au sein de la
tribu. Il faut bien comprendre ce principe pour appréhender cette
société.
A l'intérieur de la tribu la relation
des uns et des autres est très hiérarchisée. Le
chef , en haut, et sa famille directe puis les tontons ( les oncles
utérins, les oncles maternels) et les papas (les oncles paternels,
les frères du père) ont autorité. Les femmes n'ont pas la parole
officiellement.
Par ailleurs les
clans ne sont pas tous égaux et les clans des chefs ont autorité
sur les autres.
Dans la vie tous les travaux se font en
commun, la construction de cases communes ou individuelles, la
construction d'église, les repas de fêtes (deuil, mariage,
événement d'accueil ou de départ, politique).
Les repas de tribu sont assez fréquents
et chaque occasion d'en faire est honorée.
Toute la tribu participe à sa façon, c'est un vrai moment d'échange
de compétences et les rôles sont bien définis.
Ces repas
rassemblent beaucoup de monde et sont une vraie entreprise collective
où les locaux sont rebâtis à chaque fois (et détruits une fois la
fête finie).
L'organisation des constructions comme
les repas se déroulent toujours de la même façon.
Les hommes montent les poteaux de
soutien des murs et de la charpente puis les femmes tressent les
cloisons en palmes de cocotiers.
Pour la cuisine la cuisson de la
viande et du poisson est dédiée aux hommes, les femmes s'occupent
du reste.
Quand les femmes sont au tressage ce
sont les hommes qui préparent le repas.
Les enfants aident à la préparation
et s'occupent de mettre et débarrasser le couvert, ils apprennent
alors avec les adultes les rites ancestraux et culturels.
Les vieux ne travaillent pas.
La tribu c'est la famille, c'est le
clan.
Et c'est dans le cadre de cette tribu
que l'individu Kanak évolue dans la vie, il est en relation
essentiellement avec sa famille (tontons, papas, cousins, neveux,
frères et sœurs) surtout dans la mesure où les intrications
familiales sont nombreuses dans une petite île de 3000 habitants.
Ce qui appartient à un individu
appartient à la communauté et les produits de la pêche (pour
Ouvéa) sont à partager avec la communauté ainsi que les salaires
pour ceux qui en ont.
Les tontons (oncles maternels) et les
papas (oncles paternels) qui ont une place élevée dans la
hiérarchie peuvent se servir à leur convenance dans l'enceinte de
la case ou d'un compte en banque d'un individu s'il lui est
inférieur.
C'est ainsi qu'une femme est à la
merci d'un tonton qui passe chez elle ou qu'elle croise dans la rue
et qui a envie d'argent, de boire ou de manger.
Dans une tribu tous ne travaillent pas
et ceux qui travaillent nourrissent les autres.
Les vieux sont normalement pris en
charge par l'un des enfants (ou des petits enfants) qui est désigné
par la communauté.
L'individu appartient à la communauté
et l'enfant qui naît n'appartient pas forcément à ses parents ou à
sa mère, il peut être pris par un autre membre de la communauté.
L'enfant est donné à la famille de la
mère le plus souvent et elle n'a pas toujours son mot à dire.
La légende dit que si elle ne donne
pas d'enfant elle pourra être responsable d'une infertilité ou
d'une malformation pour ses futurs enfants.
L'enfant est alors adopté par un
membre de la famille mais est pris également en charge par le
groupe, les papas (oncles paternels) qui ont la même autorité sur
un enfant que son propre père.
Les enfants sont par ailleurs souvent
élevés par un autre membre de la famille (la grand mère, la sœur,
la tante).
Par cet état de fait les repères de
l'enfant sont élargis avec une mère et un père biologique, le père
et la mère adoptive, celle qui élève réellement l'enfant et ceux
qui ont autorité par ailleurs.
Il n'y a pas de secret pour chacun
concernant sa filiation propre et les ramifications familiales mais
ce système éducatif renforce sans doute l'absence de sentiment
d'individualité.
La société Kanak est très religieuse
et on trouve autant d'églises catholiques que de temples protestants
à Ouvéa, il n'y a pas de conflits entre les différentes
congrégations qui se réunissent régulièrement.
Une chose assez étonnante qui est que
comme la tribu se suffit à elle même, il n'y a pas de marché (ou
très peu) à Ouvéa.
Le nord de l'Ile est plus vert et plus
riche en cultures diversifiées (bananes, agrumes, avocats, mangues,
papayes, parfois tomates ou salades, en plus des traditionnels taros,
ignames ou patates douces), le nord n'échange pas ses produits avec
le sud.
Les tribus qui habitent le sud ou le
centre de l'île, avec un climat plus sec, ont des cultures moins
riches, ils sont plus pauvres sur le plan nutritionnel.
2) Une société en pleine mutation
Il y a 50 ans on voyageait uniquement à
pied et à cheval, il fallait une journée pour aller de St Joseph et
Fayaoué c'est à dire pour aller du nord de l'ile au centre, soit 30
Km.
Le rythme était aussi celui du travail
dans les champs à la machette, celui de la pêche sans bateau à
moteur.
On mangeait uniquement ces produits de
la pêche et de l'agriculture avec les champs d'ignames et de tarots
cultivés par les femmes.
L'espace temps a changé et s'est
dilaté, on met une demi heure pour effectuer ce trajet du nord au
centre en 2015.
On mange du riz, on va au magasin pour
boire et manger.
Les hommes surtout sont désœuvrés et
ne savent plus occuper leur temps.
Les jeunes qui ont accès à internet,
à l'heure de la mondialisation avec une éducation nouvelle et
l'ouverture sur le monde découvrent une autre réalité.
Cette société qui découvre le monde
avec la voiture, l'avion et internet le découvre en même temps
qu'une pluie de subventions en tous genres : pour démarrer une
entreprise locale, pour s'acheter un véhicule dans l'espoir de
travailler, pour les soins à un parent âgé ou handicapé, pour
construire un logement salubre en dur à une personne âgée.
Presque tout peut être subventionné,
malheureusement les projets démarrés ne durent souvent que très
peu de temps faute de travailleurs et de capacité à maintenir une
activité avec des contraintes sur le long terme.
Les Kanaks sont étonnés par
l'aptitude des blancs à se donner des contraintes et à s'y tenir.
Là se situe peut être une autre
notion du temps, à Ouvéa on vit sans anticiper et on profite du
moment présent au rythme lent de la journée.
On peut dire qu'il y a beaucoup
d'argent en Nouvelle Calédonie, le PIB a augmenté de 4% par an
depuis une vingtaine d'année et le niveau de vie est bien supérieur
aux petites iles du pacifique sud, et la richesse créée par
habitant se situe entre la Nouvelle Zélande et l'Australie.
Cette richesse vient essentiellement de
l'industrie du nickel.
Par contre le secteur agricole est
passé de 10% à 2% depuis 1960.
Ouvéa reste beaucoup plus pauvre que
le reste de la Nouvelle Calédonie.
Depuis 2011 la personnalité morale du
clan est reconnue, il peut donc par le biais des chefs coutumiers
acquérir des biens, gérer des ressources ou entrer en justice.
Sur le plan foncier à Ouvéa chaque
parcelle de terrain appartient au clan qui y vit sans possibilité de
la vendre ou de la donner et ce clan a sa richesse propre qu'il
exploite, c'est ainsi que l'organisation de l'île et son découpage
se font selon cette répartition tribale.
L'administration, les magasins suivent
ce schéma, les distances entre les différents points vitaux de
l'île sont énormes si on considère que les moyens de
communications restent peu développés.
Wadrilla est la ville administrative et
Fayaoué plutôt le « centre commercial » avec la banque,
la poste, le dispensaire, la pharmacie,la gendarmerie et 3 magasins
mais chacun des ces points sont distants de parfois plusieurs
kilomètres.
L'organisation des transports en
commun se fait par bus avec un aller retour par jour sur la route
principale qui longe le lagon du nord au sud, les véhicules
individuels sont très peu nombreux.
Il manque de moyen de transport plus
fréquent et qui sorte de la route principale vers les tribus plus en
recul par rapport à cette route principale. Les habitants utilisent
les voitures qui appartiennent à l'un d'entre eux (donc à la tribu,
principe déjà énoncé) ou font du stop.
La prise en charge de la santé est
calquée sur le système de soin français et la couverture médicale
est excellente en Nouvelle Calédonie.
Le remboursement des soins est plus
complet qu'en métropole, la pharmacie qu'on dit "de confort" est mieux
remboursée.
Le dispensaire prend en charge la santé
de la population par un service de soins régulier, des médecins
généralistes, des infirmiers, des spécialistes qui se déplacent
sur l'île, un service d'urgences en lien direct avec l'hôpital de
Nouméa, ou de Sydney en Australie si besoin est.
Dans le même temps la gestion des
soins de la province des îles est catastrophique et l'argent ne
rentre pas dans les caisses.
Souvent les consultations et les soins
ne sont pas facturés dans les dispensaires, les manques à gagner
sont énormes pour la communauté.
C'est le cas en particulier des soins
dentaires qui n'étaient pas du tout facturés à Ouvéa et qui
commencent à l'être depuis le passage d'un dentiste cette année
qui a alerté le responsable de la province des îles.
On commence en 2015 à s'occuper de
cette question devant des caisses qui se vident malgré une richesse
évidente de la province des îles.
L'école est gratuite, elle est
rarement un lieu ressenti comme porteur d'avenir par les parents et
est assez peu investie.
Les enfants ne savent souvent pas lire
ni écrire au collège dont le niveau est très faible.
Cependant l'état français favorise le
départ des jeunes en métropole pour l'enseignement supérieur (en
payant leur voyage et leurs études), très peu d'élèves sont aptes
à suivre ce chemin.
S'ils arrivent à partir le niveau est
souvent trop élevé pour pouvoir tenir après la première année de
fac.
D'autres aides sont proposées comme le
financement complet des études d'infirmières à Nouméa (les élèves
sont payées pendant leurs études), on propose également aux jeunes
de rentrer dans l'armée où le niveau scolaire n'est pas un barrage
avec des formations intégrées.
L'organisation foncière pose
également un problème pour l'aérodrome d'Ouvéa dont la piste est
trop courte pour accueillir des avions de taille suffisante qui
favoriseraient les échanges avec la grande terre et la circulation
de la population. Les avions qui font les rotations avec Nouméa ont
des contenances de 40 à 70 personnes (ATR 42 et ATR 72) de 2 à 4
fois par jour.
Depuis des années les négociations
n'aboutissent pas pour rallonger cette piste car les tribus à qui
appartiennent le terrain ne veulent rien céder, la loi coutumière
prévaut on ne peut obliger une tribu.
Les familles Kanak
qui vivent séparées le plus souvent entre Ouvéa et Nouméa, car
les emplois se trouvent sur Nouméa et l'école s'arrête au collège,
ont vraiment besoin de ce lien entre eux qui est le seul.
Sur le plan familial les jeunes femmes
instruites et qui se mettent à travailler acceptent de moins en
moins qu'on puisse leur prendre leur enfant et disent qu'elles ne se
laisseront pas faire, on peut se demander cependant à Ouvéa le
poids que peut avoir leur décision propre.
Cependant la plus part des autres
femmes souffrent de cette situation sans pouvoir en parler.
J'ai vu en consultation une jeune femme
enceinte de son deuxième enfant avoir peur de la déclaration de
cette grossesse de peur de se voir retirer aussi celui là (le
premier ayant été pris par sa mère, elle savait qu'un de ses
oncles avec des problèmes de stérilité pouvait le lui prendre).
Les enfants issus de ces familles
séparées de force ont également de gros problèmes de
développement et d'identité parfois repérés dans les classes à
l'école.
Une des spécificités de la société
kanak est aussi la loi du silence, on ne parle pas de ses problèmes
et le relationnel est régi par l'organisation clanique, l'autorité
est organisée et l'obéissance est la règle.
Je demandais à une jeune Kanak si elle
s'entendait bien avec sa cousine avec qui elle partage « tout »?
Elle m'a répondu l'air étonnée : « bien sur si non je me
ferais astiquer (frapper) par mon père! ».
Les règlements de compte se font plus
tard, une fois que l'alcool a désinhibé l'individu.
A une autre femme je demandais si elle
avait des copines à qui parler, des amies en dehors de la famille,
l'air étonné m'a dit que non, seule la famille fait partie de
l'entourage proche.
Un problème important à Ouvéa :
l'alcool.
On s'alcoolise beaucoup et avec la
levée de l'inhibition, la violence et les règlements de compte vont
avec.
Les Kanak à Ouvéa ont une aptitude à
consommer de l'alcool que nous ne connaissons pas quelque soit l'âge
de la personne et c'est par litres de whisky ou de bière que les
femmes comme les hommes boivent en toute occasion.
Alors les rancœurs ressortent qui
n'ont pas été absorbées par la coutume ou les us du clan dans une
société où le silence et l'obéissance sont la règle, la violence
explose.
A Ouvéa le droit coutumier prévaut
sur le droit régalien (monopole de l'état sur le droit) et
l'individu kanak ne porte pas plainte, les règlements de compte se
font à l'intérieur de le tribu.
80% des plaintes enregistrées à la
gendarmerie sont des plaintes des gendarmes pour agression de la
population envers eux même.
C'est ainsi qu'on a vu arriver au
dispensaire une famille très alcoolisée et 4 personnes blessées
par machette, coup de crosse de fusil, couteau de blessures
importantes dans le groupe mais tous hilares. Il n'y avait plus de
problème puisque les tontons responsables avaient demandé pardon
(la coutume de pardon est très vite mise en place le plus souvent,
dans les suites immédiates du fait ne laissant pas la place à celui
qui a été agressé de faire son deuil).
On ne parle pas, la psychothérapie n'a
pas lieu d'être puisque l'individu n'existe pas.
Dans le sud de l'île à Mouli un blanc
s'est marié avec une fille de tribu, ils avaient fait coutume et le
chef leur avait concédé une partie de son terrain pour pouvoir y
travailler pendant 50 ans, ils avaient eu l'autorisation de monter
un garage automobile et de s'installer, ils y ont eu 2 enfants, se
sont construit une maison (il s'agit de promesses orales dans un
cadre privé)…..Jusqu'au jour où un membre de la tribu devenu
l'autorité, a décrété qu'il n'avait été là lors des échanges
de coutume et de le sommer de quitter l'île dans les jours qui
suivent.
C'était le seul garage de l'ile....
Un guide touristique dans la tribu de
Fayava faisait visiter son ilot aux touristes avec passion et était
remarqué pour cette aptitude, mais « on » a trouvé dans
sa tribu qu'il commençait à se faire un peu trop d'argent et à se
faire trop remarquer, il a donc été « remercié » et
remplacé par un autre de ses frères qui ne trouvait aucun intérêt
à ce travail. On a donc arrêté de faire appel à cette famille
pour la visite de Fayava.
On pourrait multiplier des exemples
identiques où la jalousie rend des projets ou leur pérennité
impossible, il s'agit d'un sentiment très fréquent dans cette
société communautaire.
La justice interne au clan est dédiée
au chef coutumier (dont l'autorité se transmet de père en fils)
mais tous les chefs ne sont pas égaux et l'ambiance d'une tribu se
mesure souvent à son aptitude à gouverner.
Malheureusement beaucoup de chefs
boivent beaucoup d'alcool et sont souvent inaptes à la gestion d'un
groupe d'individus. Les destructions et violences de dispensaires, de
gendarmerie, banque ou autres lieux publiques ou privés sont
fréquents et le plus souvent restent impunis.
La loi à Ouvéa a sa propre définition
:
-Les violences faites aux femmes ou aux
enfants sont connues et tolérées.
-Les véhicules et leurs chauffeurs
roulent le plus souvent sans assurance, sans permis de conduire, dans
des états mécaniques d'extraordinaire délabrement, avec des
chauffeurs saouls ou sous l'emprise massive de cannabis.
Tout cela est tellement habituel qu'il
devient la norme.
La violence est la norme et les
agressions verbales ou même physique envers les personnels
soignants, envers les femmes, les touristes font partie de la vie.
Rien ne marche à Ouvéa et tous s'en
accommodent.
Une autre mutation de la société
kanak est l'alimentation.
L'homme est pêcheur sur une île, il
est bâtisseur aussi et il vit de son agriculture locale qui est
celle de l'igname, du tarot, de la patate douce, noix de coco,
banane, papaye,....
Malheureusement le riz et les pâtes
supplantent les tubercules dans l'alimentation moderne.
Les sodas et boissons extrêmement
sucrées remplacent le lait de coco, ces modifications créent des
modifications sur le plan de la santé (arrêt du travail dans les
champs, apparition d'obésité, toxicomanie, diabète, hypertension).
Le diabète, l'hypertension et
l'obésité sont responsable d'une plus grande mortalité en Nouvelle
Calédonie.
Les plus riches vivent à Nouméa ou en
métropole se libérant du joug de la coutume et du clan.
Ceux qui s'en sortent le moins bien
sont ceux qui ne sortent pas de l'île, ils y sont enfermés.
Certains reviennent après avoir vécu
des années passées à l'extérieur et sont plus aptes à profiter
des richesses naturelles de l'ile et à les exploiter.
De plus en plus de jeunes veulent
échapper à ces contraintes ancestrales et ne trouvent pas d'autre
moyen que de vivre loin de la tribu (à Nouméa ou en métropole).
3) Quel avenir à construire pour Ouvéa?
La société Kanak a hérité d'une culture qui
tente de subsister malgré la mondialisation.
Cette société se cherche attaquée de toute part par la culture
occidentale.
Une partie des Kanaks d'Ouvéa ont quitté l'île, ils ont émigré
en métropole, certains partent et reviennent.
Le simple fait d'aller vivre à Nouméa temporairement transforme la
vie de la famille.
Beaucoup restent et tiennent à ce que rien ne change, c'est à dire
refusent la mondialisation et s'accroche à leur culture.
La culture occidentale a apporté un allongement de l'espérance de
vie, une amélioration des conditions de vie grâce aux améliorations
techniques et à la prise en charge de la santé.
Si la période coloniale n'a pas beaucoup traumatisé Ouvéa, la
mondialisation avec internet et les moyens récents de communication
est en train de métamorphoser complétement cette région.
Cette métamorphose a besoin de la
participation de la société Kanak.
Participer c'est à dire accepter d'aller à l'école et d'y
travailler, de se former, de jouer le jeu des règles sociales et du
travail.
Il règne à Ouvéa une ambiance triste sans élan vital où l'alcool
et la violence peuvent éclater à tout moment. Avec l'alcool, les
violences familiales, l'inceste, l'inactivité on retrouve le
problème qu'on retrouve chez les populations anciennes qui n'ont
plus de repaires et ne savent plus retrouver de code sociétal.
Les vieux ne sont plus écoutés, les chefs ne savent plus se faire
respecter, les jeunes désertent les églises, tout se passe comme si
les Kanaks eux même ne croyaient plus en eux.
Mais le problème est également politique, il existe un vrai
problème de professionnalisme politique et de manque de volonté
politique de la province des Iles.
L'indépendance passe par le sens de la responsabilité et pour le
moment elle manque terriblement.
La solution viendra peut être des générations futures, des jeunes
du collège qui appréhendent internet, qui voyagent et sauront
s'adapter pour créer une nouvelle société, pour ne pas se faire
absorber?
Je voudrais, pour terminer cet article un peu triste, rendre hommage à la nature exceptionnellement belle d'Ouvéa et au fait qu'elle reste une île préservée sur le plan écologique et de la biodiversité.
Si on pouvait s'appuyer sur cette richesse et cette reconnaissance, si on pouvait essayer de réfléchir à la manière de la protéger autrement qu'en faisant fuir tous ceux qui l'approchent, alors Ouvéa serait vraiment le paradis promis!
Si on pouvait s'appuyer sur cette richesse et cette reconnaissance, si on pouvait essayer de réfléchir à la manière de la protéger autrement qu'en faisant fuir tous ceux qui l'approchent, alors Ouvéa serait vraiment le paradis promis!
FIN D'UN VOYAGE en terre étrangère
Un séjour d'un an qui a chamboulé ma vie et m'a apporté beaucoup.
Merci à tous de m'avoir suivie.